Marguerite Messika ou Msika est chanteuse, comédienne et danseuse, née en 1903, à la hara de Tunis. Sous l’égide de sa tante, l’artiste Leïla Sfez et aidée par le pianiste Maurice Joseph Qadri, par Hassan Banane et de Khémaïes Tarnène, elle commence sa carrière de chanteuse-danseuse dans les soirées privées et adopte le nom de arabe de Habiba (la bien-aimée et l’amie). Adulée et entourée par ses fans, « Asker Ellil », « Soldats de la nuit » ou « Garden Boys », la jeune femme est surnommée « habibet el kol » (l’aimée de tous).
Après un bref mariage avec Victor Chetboun, elle s’émancipe et donne, en 1918, son premier spectacle de chant au palais Assous, à la Marsa mais sa grande passion est le théâtre, auquel elle se consacre désormais, avec pour mentor Mohamed Bourguiba.
La comédienne interprète, en arabe, les rôles des héroïnes des tragédies de Shakespeare et des comédies de Molière. Seule compte pour elle, cependant, le rôle qu’elle joue, à l’instar de Sarah Bernhardt, dans L’Aiglon d’Edmond Rostand. Libre et audacieuse, Habiba Msika bouscule les codes sociaux de son époque et va jusqu’à embrasser, sur scène, à pleine bouche la comédienne Rachida alors qu’elles jouaient les rôles respectifs de Roméo et de Juliette.
Portée par un élan nationaliste, la comédienne arbore pour tout costume le drapeau tunisien enroulé autour du corps et clame des slogans nationalistes, lors de la représentation de Patrie, les martyrs de la liberté de Victorien Sardou.
En 1923, c’est la consécration. À la faveur d’une tournée en Europe, elle découvre un autre public ainsi que la toute nouvelle industrie discographique. Après Baïdaphone et Pathé, à Tunis, elle signe avec Deutsche Grammophon et entreprend de nombreux voyages à Alger, à Rabat, au Caire.
Au petit matin du 20 février 1930, dans un accès de jalousie, son amant éconduit, Eliahou Meïmouni, dont elle accepte les prodigalités, tel un palais à Testour, s’introduit chez elle et met le feu à son appartement. Brûlée vive, elle décède le lendemain. Elle est inhumée à Tunis, au cimetière de Borgel. Des milliers de personnes, de toutes confessions, assistent à ses funérailles.