Le 28 février 1890, un arrêté municipal de la ville de Tunis interdit, à dater du 13 mars 1890, les inhumations dans le cimetière juif du « Passage ». Désormais, les morts juifs seront inhumés au nouveau cimetière du Borgel. Ainsi l’arrêté avait mis fin à une pratique funéraire qui remontait au moins à quatre siècles, sur un terrain appartenant aux juifs. La décision était justifiée par la progression urbaine de la ville. Malgré leur réticence, les juifs finissent par accepter la décision et se tournent vers le nouveau cimetière. Ils refusèrent, cependant, la désaffectation de l’ancien cimetière ou toute atteinte aux sépultures et aux tombes. C’est une histoire de résistance, qui va se prolonger durant tout le 20è s., et finir au lendemain de l’indépendance, en 1957, lorsque la municipalité transforme les lieux en jardin public, projet datant depuis 1907.
On avance que le vieux cimetière juif comptait 60 000 tombes, parmi lesquelles se trouvaient celles de plusieurs rabbins célèbres : Isaac Taïeb, Isaac Lumbroso , Ichoua Bessis et Haï Taïeb. Au moment de la désaffectation définitive du cimetière, seules les tombes de quelques rabbins ont été transférées au cimetière du Borgel. Aujourd’hui, dans un jardin public qui s’étale sur sept hectares, aucun monument ou plaque mémorielle ne signalent l’existence du cimetière du passage.
Les juifs en visite en Tunisie ne traversent pas le jardin par respect aux morts qui y sont enterrés depuis plusieurs siècles.