La grande synagogue de la hara (quartier juif) de Tunis se trouvait à l’emplacement du stade actuel de la Hafsia. Sa construction, qui remonterait au moyen âge, a subi plusieurs modifications au cours du 18è et 19è siècles.
Ainsi que le révèlent les photos prises au moment de sa destruction en 1961, son architecture, qualifiée de style néo-mauresque, a cette particularité d’être en contradiction avec le principe de discrétion qui sévissait jusqu’à cette époque : sa façade était pourvue de deux tours d’angle à étage crénelé et comportait des fenêtres qui ouvraient sur la rue mais aussi des inscriptions hébraïques qui surmontaient une porte moderne au dessin traditionnel.
L’intérieur de la synagogue, auquel on accédait en descendant dix marches, témoigne d’une grande ancienneté difficile à déterminer. L’enfoncement dans le sol s’expliquerait par sa construction dans un contexte hostile, probablement sous la dynastie des Almohades (12ès.), ou par une pratique générale qui permettait d’obtenir un espace conséquent. Les chapiteaux hafsides, qui existaient encore en 1960, permettraient de déduire sans certitude toutefois, que la synagogue de la hara remonterait au 15è s.
La synagogue comptait des locaux annexes, telle la petite pièce dédiée au prophète Elie et, au-dessus de l’entrée, deux petits étages abritant un kottab et une yechiva, espace d’enseignement consacré à l’étude des textes sacrés, le Talmud et la Thora.
Des réaménagement entrepris, entre 1914 et 1921, ont permis l’agrandissement, l’embellissement de la salle de culte, l’amélioration de son éclairage et le revêtement de ses murs de panneaux de faïence.